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Pourquoi les commissaires aux comptes libéraux doivent être représentés à la CNCC

Pourquoi les commissaires aux comptes libéraux doivent être représentés à la CNCC

Farouk BOULBAHRI

Ancien Président
CRCC Aix Bastia

Dans un contexte économique en constante évolution, marqué par des enjeux de contrôle interne, de prévention de la fraude et de sensibilisation aux risques financiers, le rôle des commissaires aux comptes (CAC) est plus crucial que jamais. Si la profession a connu une mutation ces dernières décennies, l’importance des CAC indépendants, dits libéraux, ne peut être sous-estimée. Nous jouons un rôle clé auprès des petites et moyennes entreprises (PME), des associations et sommes, par notre proximité, les premiers interlocuteurs de chefs d’entreprises et autres dirigeants en quête de sécurité financière et d’accompagnement. Pourtant, notre représentation au sein de la Compagnie Nationale des Commissaires aux Comptes reste limitée, voire négligée. Il est indispensable que cette situation change.

1. Une proximité territoriale inégalée
L’une des principales forces des commissaires aux comptes libéraux réside dans notre proximité géographique avec les acteurs locaux. Contrairement aux grands réseaux internationaux, souvent concentrés dans les métropoles et opérant à travers des structures centralisées, les CAC libéraux se trouvent au cœur du tissu économique local. Nous connaissons les spécificités régionales, les problématiques particulières des entreprises de proximité et sommes en mesure de réagir rapidement aux demandes des dirigeants.
Cette proximité n’est pas simplement physique, elle est également relationnelle. Les CAC libéraux établissent des liens de confiance sur la durée avec les clients. Nous ne sommes pas perçus comme de simples auditeurs venus vérifier la conformité légale, mais comme des partenaires, impliqués dans la vie quotidienne des entreprises. Cette relation de confiance permet aux dirigeants de mieux appréhender les enjeux économiques de leur entreprise et de réagir plus rapidement face aux risques.
L’enjeu de la réactivité est ici capital. Dans un environnement économique où les changements réglementaires et financiers sont rapides et parfois brutaux, la capacité à réagir efficacement et à anticiper les difficultés est un atout majeur pour la survie des organisations. Nous les CAC libéraux, grâce à notre proximité, sommes en première ligne pour détecter les signaux faibles et accompagner les entreprises dans leurs ajustements stratégiques.

2. La spécificité des missions des CAC libéraux : un lien direct avec la réalité des entreprises
Au-delà de la proximité géographique, la nature des missions réalisées par les commissaires aux comptes libéraux est fondamentalement différente de celle des grands réseaux. Là où les grands cabinets interviennent souvent sur des audits de multinationales, de grandes entreprises cotées ou d’institutions avec des processus standardisés et des équipes multiples, les CAC libéraux sont eux directement impliqués dans l’audit de PME et de TPE et associations.
Cette différence de clientèle entraîne des pratiques et des approches distinctes. Les PME n’ont pas les mêmes moyens ni les mêmes structures que les grandes entreprises, et elles attendent de leurs commissaires aux comptes une approche pragmatique, adaptable et surtout personnalisée. Les CAC libéraux apportent un accompagnement sur mesure, adapté aux réalités concrètes des entreprises, prenant en compte les ressources limitées et les spécificités du secteur d’activité.
Par ailleurs, ces entreprises, souvent de taille modeste, sont bien plus vulnérables aux problèmes de contrôle interne, aux risques de fraude ou encore aux erreurs comptables. Elles ont donc besoin de commissaires aux comptes qui comprennent leurs défis et qui sont capables de leur offrir des solutions adaptées et réalisables. Contrairement aux grands cabinets, dont les missions sont souvent perçues comme éloignées des préoccupations opérationnelles des PME, les CAC libéraux sont perçus comme des facilitateurs au fait des réalités de terrain. Cette expertise du terrain, combinée à une connaissance fine des pratiques locales, rend notre intervention indispensable.

3. Une prévention des risques accrue : contrôle interne et lutte contre la fraude
La prévention des risques est un autre domaine dans lequel les CAC libéraux jouent un rôle crucial. Qu’il s’agisse de fraude interne (plus importante de 20% chez les TEP/PME), de malversations ou encore de manquements dans le contrôle interne, les entreprises sont de plus en plus exposées à des risques financiers majeurs. Nous sommes des acteurs de première ligne pour identifier et prévenir ces risques.
Dans les PME, le contrôle interne est souvent moins structuré que dans les grandes entreprises. Cela s’explique par des ressources humaines et financières plus limitées, mais aussi par une culture du risque souvent moins développée. Les CAC libéraux, grâce à leur proximité avec les dirigeants, sont en mesure d’analyser en profondeur les processus internes, de détecter les vulnérabilités et de proposer des recommandations concrètes pour renforcer le dispositif de contrôle.
La prévention de la fraude est un autre enjeu majeur. Les PME sont souvent des cibles de choix pour les fraudeurs, en raison de leur structure plus flexible et de l’absence de mécanismes de contrôle aussi rigides que dans les grandes entreprises. Ici encore, la proximité des CAC libéraux avec les chefs d’entreprise permet une sensibilisation plus efficace et une mise en place rapide des recommandations.

4. Des interlocuteurs privilégiés des chefs d’entreprise
Les CAC libéraux sont souvent les premiers conseillers des chefs d’entreprise en matière de gestion des risques financiers et de conformité. Contrairement aux grands cabinets, où les interlocuteurs sont multiples et où les dirigeants d’entreprise peuvent parfois se sentir noyés dans une relation impersonnelle, les commissaires aux comptes libéraux offrent une relation directe, personnalisée et durable.
Les dirigeants de PME, souvent pris dans la gestion quotidienne de leur entreprise, ont besoin d’un accompagnement concret et d’une disponibilité que seuls nous les CAC libéraux somment en mesure d’offrir en tant que partenaires de proximité. Nous sommes en mesure de répondre à cette demande, et ce, de manière réactive et personnalisée.
Il est crucial de souligner que la relation entre un CAC libéral et son client dépasse largement le cadre de la simple mission d’audit. Les chefs d’entreprise consultent régulièrement leur commissaire aux comptes pour des préconisations sur la gestion financière, la conformité réglementaire, ou encore sur les opportunités de développement. Ce lien de confiance est unique, et il permet une gestion des risques plus proactive et plus efficace.

5. Pourquoi une représentation renforcée à la CNCC est essentielle
Face à ces constats, la question de la représentation des commissaires aux comptes libéraux au sein de la CNCC (Compagnie Nationale des Commissaires aux Comptes) se pose avec acuité. Actuellement, la voix des indépendants semble souvent marginalisée au sein d’une structure dominée par les grands cabinets. Pourtant, les spécificités des missions réalisées par les CAC libéraux et leur rôle central dans l’accompagnement des PME justifient une présence renforcée dans les instances de décision.
Cette représentation est essentielle pour plusieurs raisons. D’une part, elle permettrait de mieux défendre les intérêts des petites et moyennes entreprises, qui constituent une large part du tissu économique français. D’autre part, elle assurerait une prise en compte des réalités du terrain, souvent négligées dans les discussions centrées sur les grandes entreprises. La présence des CAC libéraux à la CNCC contribuerait ainsi à une meilleure prise en compte des enjeux locaux et à une adaptation des normes et pratiques aux besoins réels des PME.
De plus, une représentation accrue des CAC libéraux permettrait de renforcer la diversité au sein de la profession. La CNCC, en tant qu’organe représentatif de la profession, se doit de refléter la pluralité des pratiques et des missions réalisées par les commissaires aux comptes. Les CAC libéraux, avec leur approche pragmatique, leur proximité avec les entreprises et leur connaissance fine des réalités locales, apportent une contribution essentielle à la profession, qui mérite d’être reconnue et valorisée au sein des instances nationales.

6. Conclusion : Un enjeu de survie pour la profession et pour les PME
En conclusion, la représentation des commissaires aux comptes libéraux à la CNCC n’est pas seulement une question de reconnaissance professionnelle, elle est un enjeu de survie pour la profession et pour les PME qu’ils accompagnent. Les CAC libéraux, par leur proximité, leur réactivité et leur connaissance fine des réalités économiques locales, jouent un rôle irremplaçable dans la prévention des risques et l’accompagnement des entreprises.
Il est donc crucial que la CNCC prenne en compte cette réalité et renforce la voix des libéraux au sein de ses instances. Une meilleure représentation des CAC libéraux permettrait de garantir que les spécificités des PME soient pleinement prises en compte dans les discussions sur les normes et les pratiques professionnelles. Pour les chefs d’entreprise, cela se traduirait par un accompagnement encore plus pertinent et adapté à leurs besoins, et pour la profession, cela assurerait une diversité des pratiques qui est la clé de son dynamisme et de sa pérennité.

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