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S’ENGAGER concrètement dans l’attractivité de la profession

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S’ENGAGER concrètement dans l’attractivité de la profession

La maîtrise de la formation initiale par les instances peut-elle résoudre les problèmes de recrutement des cabinets : l’exemple de Sup’Expertise

La filière comptable s’organise autour de trois diplômes délivrés par l’Etat : le DCG ayant le grade de Licence, le DSCG ayant le grade de Master et le DEC, diplôme professionnel permettant l’exercice de la profession d’expert-comptable et de commissaire aux comptes, après inscription à l’Ordre et à la Compagnie.

De nombreux acteurs publics et privés préparent à ces examens, soit directement en lycée pour le DCG, en université pour le DSCG mais aussi en école privée pour ces deux diplômes. Des passerelles à travers la délivrance de dispenses d’épreuves sont également accordées à des diplômes universitaires tel que le Master CCA en université mais aussi, à ce jour, par 13 écoles de commerces disposant, à l’instar d’un master CCA universitaires, de 5 dispenses sur les 7 UE du DSCG.
Cette formation reconnue comme exigeante, de qualité bénéficie ainsi d’une source diversifiée d’étudiants provenant d’écoles dédiées, de facultés et d’écoles de commerce.
Pour autant, la création d’écoles sur le territoire entre les mains de l’institution apparait comme une vraie plus-value pour notre profession.
La maîtrise de la formation initiale par les instances peut-elle résoudre les problèmes de recrutement des cabinets : l’exemple de Sup’Expertise
La filière comptable s’organise autour de trois diplômes délivrés par l’Etat : le DCG ayant le grade de Licence, le DSCG ayant le grade de Master et le DEC, diplôme professionnel permettant l’exercice de la profession d’expert-comptable et de commissaire aux comptes, après inscription à l’Ordre et à la Compagnie.
L’animation d’une école par l’institution permet d’impliquer l’Ordre dans la formation des collaborateurs et de ses futurs membres avec un engagement et une connaissance de la formation délivrée bien meilleure que dans la situation actuelle. Comment être force de proposition dans l’évolution des diplômes sans maitrise préalable du contenu de ceux-ci, de leurs atouts et de leurs faiblesses ?
L’engagement de l’institution dans l’animation d’une école permet également de renforcer l’attractivité de la filière par une politique de l’offre. Ce sont en effet les écoles publiques et privées, par leur présence dans les lycées, dans les réunions d’orientation, dans les salons étudiants, à travers leurs communications qui attirent les bacheliers dans la filière. En termes d’attractivité, le travail des enseignants et de ces écoles est indispensable en ce qu’ils apportent une réponse concrète, opérationnelle au désir qu’aurait un étudiant à s’engager dans la filière. C’est la multitude de l’offre qui crée la demande.
Enfin, nous assistons depuis plusieurs années à une forme de privatisation rampante de l’enseignement de la filière comptable en raison du manque de collaborateurs sur tout le territoire : de nombreux cabinets s’engagent ainsi à recruter directement, par le biais d’accord passés avec les écoles officiellement ou officieusement, des apprentis, des étudiants en stage et des jeunes diplômés. C’est directement à la source que les grands cabinets viennent puiser leurs prochaines recrues. Récemment, une nouvelle étape a été franchie avec la création, comme le permet et l’incite la loi de 2018 sur la formation professionnelle, de CFA d’entreprise : les cabinets pouvant se le permettre créent leur propre école pour former et recruter leurs futurs collaborateurs.
Une telle politique lorsqu’une école est animée par l’Ordre n’est évidemment pas envisageable : la création d’une filière comptable entre les mains de l’Ordre est ainsi la garantie de former et de proposer des étudiants aux cabinets indépendants n’ayant pas les moyens et la taille leur permettant soit de passer des accords d’exclusivité avec des écoles privées, soit de créer leur propre centre de formation.
L’implication de la profession dans la formation de ses collaborateurs et de ses futurs membres est un enjeu majeur qui préoccupe toutes les professions, qu’elles soient réglementées ou non.

Chez les avocats, l’accès à la profession est déterminé par le CAPA (Certificat d’Aptitude à la Profession d’Avocat), la formation est dispensée dans des centres régionaux de formation professionnelle dirigés par les barreaux des différentes régions. Pour être inscrits dans un centre régional de formation professionnelle, les candidats doivent avoir subi avec succès l’examen d’accès au centre, dont le programme et les modalités sont fixés par arrêté conjoint du Garde des Sceaux, ministre de la Justice, et du ministre chargé de l’Enseignement supérieur, après avis du Conseil national des barreaux. Une fois le centre de formation intégré, le programme est déterminé par le conseil d’administration du centre en conformité avec les textes arrêtés par le conseil national des barreaux. A l’issue de sa formation l’élève avocat pourra passer le CAPA. Les examens sont également organisés par les centres régionaux.
Chez les notaires, les études supérieures de notariat sont assurées par l’Institut national des formations notariales et par les établissements publics d’enseignement supérieur qui ont conclu avec lui la convention prévue à cet effet. Le DESN (Diplôme d’Etudes Supérieures du Notariat) est organisé en plusieurs modules qui ont été définis par la profession en collaboration avec le Garde des Sceaux et le ministère de l’Enseignement supérieur. L’examen final est organisé par l’institut national des formations notariales. Une grande réforme du diplôme a eu lieu en 2022 pour mettre en cohérence l’évolution de l’exercice professionnel avec la formation initiale.
A l’instar des avocats et des notaires, concernant la filière comptable, les réformes sont longues et laborieuses s’agissant de diplômes délivrés par l’Etat et donc mis en oeuvre par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (MESR). Réformer les diplômes représente ainsi, a minima, deux années de travail (outre la conception des nouvelles formations, de l’intégration de l’exploitation de la data, de l’IA à la Durabilité), il faut ensuite former voire recruter les enseignants et communiquer les programmes aux éditeurs préparant les ouvrages servant de support aux cours.
La réforme en cours du DCG et du DSCG lancée en 2024 n’aboutira ainsi qu’à la rentrée 2026 pour que les premiers diplômés arrivent en 2028 (DSCG en deux ans) et 2029 (DCG en trois ans).
Ce délai, inhérent à la délivrance d’un diplôme d’Etat sur tout le territoire, ne permet pas d’innover aussi rapidement qu’on pourrait l’espérer, d’intégrer dans la formation les thématiques nouvelles (et peut-être non encore connues à ce jour !) à un rythme qui s’accélère.
La maîtrise d’une école peut ainsi nous permettre de créer nos propres diplômes à l’instar des écoles de commerce et d’enrichir le contenu au-delà de l’exigence du programme officiel tout en agissant plus vite et de manière bien plus pro-active afin de former des collaborateurs répondant mieux aux besoins des cabinets.
Ces objectifs (garantir la formation d’étudiants pour tous les cabinets, attirer de nouveaux bacheliers dans la filière et innover rapidement à travers des enseignements répondant aux besoins immédiats des cabinets) ont été mis en oeuvre en Ile-de-France avec la création en 2022 de l’école Sup’Expertise, fusion d’un CFA et de l’IRF francilien, l’Asforef. Sup’Expertise est aujourd’hui la première école dont la gouvernance est assurée par les institutions de la profession (Ordre des experts-comptables de Paris IdF, CRCC de Paris et CRCC de Versailles et du Centre) qui dispose de cursus en formation initiale et en alternance tout en proposant également, comme les autres IRF, la formation continue et celle des experts-comptables stagiaires.
Dès la rentrée 2024, Sup’Expertise va ainsi proposer un Bachelor avec l’objectif à terme d’obtenir pour celui-ci une dispense portant sur 9 UE des 13 UE du DCG, à l’instar du Bachelor Universitaire GEA parcours gestion comptable fiscale et financière (BUT GEA GC2F). Ce Bachelor Sup’Expertise n’a pas été construit en UE par matière mais en modules de compétences à acquérir (exemple : accompagner la création d’entreprise, maîtriser les missions exceptionnelles en cabinet…). Il intègre également toutes les nouvelles missions indispensables à l’évolution de nos missions (RSE, numérique, big data …). Dans un deuxième temps, Sup’Expertise envisage de proposer un Mastère permettant, comme une école de commerce, l’obtention de 5 UE sur les 7 du DSCG.
Ces deux diplômes appartiendront à Sup’Expertise et donc à la profession. Nous en maîtriserons toute la chaîne (de l’entrée à l’examen final) en tant qu’organisme certificateur. La conception de ces diplômes et leur reconnaissance par la Commission d’Evaluation des Formations et Diplômes de Gestion permettant de grader ces titres permettra également de les partager avec d’autres écoles et notamment avec celles qui pourront être créés par les Conseils Régionaux de l’Ordre. L’investissement dans la conception d’un titre est long, compliqué et couteux :
en pratique, un tel investissement est difficilement réalisable par la plupart des IRF. La mutualisation de ces efforts est indispensable et ce n’est qu’à cet horizon qu’il sera possible de proposer ces diplômes à l’ensemble des instituts régionaux de formation pour qu’ils puissent être dispensés sur l’ensemble du territoire.
Renforcer l’attractivité de la filière, proposer un diplôme répondant aux exigences du DCG et du DSCG tout en étant plus facilement et plus rapidement évolutif, garantir la formation de collaborateurs à tous les cabinets, du plus petit au plus grand, oblige l’institution à s’engager massivement dans la formation initiale de nos futurs collaborateurs et futurs experts-comptables.

EN CONCLUSION
De la qualité de la formation délivrée et de sa modernité, de son excellence et de sa capacité à s’adapter aux enjeux et aux défis de notre profession dépendra le rayonnement et le succès de notre profession sur les prochaines années. Une profession forte et reconnue passe par un diplôme moderne, de haut niveau et attractif auprès des étudiants.

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